Les cerices de la peur...
Récit d'une petite scène anodine devant l'école...
Il est 13h20. En attendant l'ouverture du portail de l'école, nous avions décidé avec Adrien d'aller cueillir quelques cerises sur les fruitiers situés derrière l'école, sur un terrain communal. Le soleil brille, nous avons le coeur en joie.
Nous cueillons et glanons de-ci de-là quelques cerises sucrées et juteuses. Un régal.
Nous décidons d'en offrir une à la maîtresse.
Dans l'école, la récréation bat son plein, les enfants jouent, courent et s'inventent des histoires. Adrien aperçoit une de ses amies derrière le grillage et se précipite pour lui offrir une cerise. Quelle joie dans le regard de cette fillette devant la gourmandise, quelle joie du coeur pour moi devant l'élan de générosité (disons que ce n'est pas toujours la même histoire avec son petit frère !).
Bien mal nous en a pris, nous nous sommes pris un mini-sermon de la maîtresse : "Et les risques d'etouffement, et les risques d'allergie ? Non madame, je ne peux pas le permettre, vous comprenez ?".
En fait, oui, j'entends vos arguments mais cela me questionne...
Comment en est-on arrivé à avoir peur des cerises ?! D'où cela vient-il ? Nous vivons dans une sorte de psychose collective.
Faut-il avoir peur de tout ? Danger réel et fanstasme ?
Heureusement que tout le monde n'a pas peur de l'étouffement à la cantine, sinon, on mangerait nos repas quotidiens en intra-veineuse... Ce sera peut-être pour bientôt !!
Quant aux allergies, peut-être, qu'en sais-je ? Je que je vois c'est surtout une peur généralisée qui nous fait croire que les aliments emballés dans du plastique sont sains et sans dangers ! Peur des aliments, oui, j'en ai peur car quand on se penche sur la question de l'origine des aliments, les modes de production, Monsanto et compagnie, des frissons parcourent mon corps.
Une Terre nourricière surexploitée, malmenée... Quand on spécule sur la faim, oui cela fait très peur.
J'y vois aussi une peur de sortir des règles, des normes, du cadre... Oui, c'est cela que j'ai vu dans les yeux de cette maîtresse. Peur des conséquences, d'éventuels procès, remarques, peur de sortir du rang...
Comment avons-nous pu survivre pendant des millénaires sans normes ISO ?!! Je vous le demande ?!
Et pourtant, ce ne sont que des cerises cueillies sur un arbre...
Qu'en sera t-il pour des questions plus importantes, pour les réels dangers.
Avons-nous perdu tout sens commun ?
Faut-il donc tout interdire pour protéger nos enfants, les mettre dans une cage dorée. Ils y seront bien, mais surtout ne les en sortez pas.
Captivité...
Les dangers existent pour nos enfants, mais je préfère et de loin, les accompagner dans leurs prises de risque maintenant, à leur échelle que découvrir qu'ils le font plus tard plus fort, dans l'inconscience, seuls, sans avoir appris à maîtriser ces risques. Il en va de notre devoir de parents.
Oui, c'est beau un bambin qui fait ses premiers pas, aidons le, juste un peu et regardons le. Comme il semble loin le temps où il est né.
Oui, c'est beau un enfant qui grimpe aux arbres, accompagnons le, regardons le grandir maintenant seul.
Oui, c'est beau un enfant qui marche seul, dans la rue, sans adulte. Il se rend à l'école, à l'épicerie, chez un ami. Il est grand et fier de lui. Apprennons lui les règles de sécurité, aidons le à devenir autonome.
N'ayons pas peur, car cette peur n'évitera pas le danger réel.
Et oui, bien sûr, gardons un oeil sur la sécurité de nos enfants, mais laissons les vivre aussi !
J'en parle, non pas pour blâmer cette maîtresse, mais bien parce que cela me questionne au plus haut point. Et peut-être même que je lui ressemblerai dans quelques temps.
Nous semblons pris dans une sorte de psychose collecive nourrie par une machine médiatique qui s'efforce à ne montrer que le côté sombre de l'humain. Bien sûr qu'il faut dénoncer les abus, les horreurs de ce monde. Mais il faut aussi regarder tout ce qui est beau et bon. Tourner notre regard vers la joie.
Les joies simples et que nous offre la vie...
Comme de manger des cerises...
A midi.