Le jour et la nuit : sciences partie 2
"Maman, pourquoi après la sièste, on ne comnence pas un nouveau jour ?"
La réponse peut être simple car elle mobilise des repères qu'ils ont déjà, où qu'ils commencent à appréhender : le cycle jour/nuit est le plus évident car l'appréhension de ce cycle fait appel aux sens de l'enfant. C'est donc par ce biais que nous avons abordé la réponse.
Toutefois, il existe d'autres biais pour présenter le temps qui passe : le rythme journalier, voir à cet âge, une première compréhension des cycles de vie (une semaine, une saison, une année, la vie et la mort).
Permettez moi une petite disgrétion sur le temps qui passe car la conception du temps a complètement changé selon les époques. Il est donc important de prendre du recul à ce sujet. Les philosophes grecs distinguaient déjà deux représentations Chronos et Kaïros.
"Kaïros est le moment opportun, c'est le moment présent défini par une qualité précise. Il correspond à la durée des évènements. Chronos, c'est le changement permanent, c'est le temps qui passe".
Ces notions sont donc en affrontement permament. L'histoire récente de notre société montre la progression de Chronos sur Kaïros car la technologie et l'industrie, qui ont inventé tous les instruments pour mesurer le temps qui passe, ont colonisé notre société. "Time is money !", ça vous dit quelque chose ? Nous sommes tellement imprégnés de Chronos que nous avons besoin de rentabiliser tout notre temps, de le remplir. Le temps est devenu despotique. Tout le monde s'en plaint d'ailleurs, nos vies ressemblent souvent à une course frénétique d'évènements qui s'enchainent, surtout dans le monde du travail, qui s'enchaine par une course à la maison.
En même temps que le quotidien s'emballe, le calme, la lenteur et la patience se voient dévalorisés.
Je vous recommande à ce sujet ces deux livres Eloge de l'éducation lente de Joan Domènech Francesch ou bien Laissez les enfants tranquilles de Carl Honoré qui militent que pour les enfants (et nous au passage) retrouvions plus de temps libre, calme, simples non planifiés.
Alors oui, apprenons aux enfants le temps qui passe, ce sont nos repères sociétaux. Mais n'oublions pas de vivre aussi selon Kaïros, des moments au temps subjectif, non mesuré et de grande qualité.
Le premier outil que nous avions mis en place était la poutre du temps, ainsi que la lecture de Balthazar et le temps qui passe, où les deux représentations du temps y sont présentes (un bon point de plus !).
Puis pour répondre à la question très précise d'Adrien (la naissance d'un nouveau jour étant visiblement lié pour lui au sommeil et non pas au soleil qui se lève), je lui ai donc préparé une première représentation sensenrielle du phénomène physique qui soutend la question : la rotation de la terre sur son axe. A partir du premier dico des sciences et de cette idée de présentation, je me suis lancée.
L'expérience proposée ne me semblait pas assez visuelle, j'ai donc dessiné les continents sur un pamplemousse. Nous avions déjà abordé la notion des continents à plusieurs reprises par le coloriage de la planète terre (où on peut aussi de cette manière comprendre que la mer est plus présente que la terre) par exemple, mais nous les avions également mentionnés au passage quand nous observions toutes les planètes du système solaire. Tout cela devra être vu et revu par différents vecteurs mais qui s'inscrivent dans le temps. Même si cette notion semble comprise, elle est difficile à visualiser.
Nous avons donc fait tourner notre terre sur elle-même, à partir d'un axe (fourchette), refait le mouvement plusieurs fois, etc. Adrien a un petit camarade qui part vivre en Australie, ce fût un bon exemple pour visualiser plus concretement et d'aborder les fuseaux horaires. Je ne suis pas rentrée dans les détails, car déjà ce fût une belle découverte (deux billes bien ouvertes, des petits rires joyeux).
Toutefois, la prochaine fois, je prendrai un vrai globe terrestre, plus gros, que l'on puisse manipuler plus facilement et où le contrastre jour/nuit se voit plus clairement. Ici, le marqueur noir déteignait, et c'était assez désagréable à manipuler. Bref, il y avait des lacunes dans le matériel (ainsi que dans la présentation) !!! Nous avons terminé la découverte par la découpe du pamplemousse (qui se termina en gouter d'ailleurs) pour une première visualisation du planisphère
Les représentations habituelles de notre planète se font surtout en 2D. C'est important que le passage du globe en 3D en sa répresentation en 2D soit clairement identifié et compris, et cela est d'autant plus facile par du sensoriel. IL est très probable que la globe des continents et le planisfère Montessori soit présent dans la hotte du Père-Noël !!
Au passage, pour aller plus loin, je vous conseille cet atlas trouvé en brocante que je trouve de belle qualité :
Quant à ma présentation et au genre de livres mentionnant des expériences scientifiques, il faut rester critique et vigilant. Je pense qu'il y aurait eu à gagner d'avoir plusieurs enfants passionnés expérimentant ce phénomène et échangeant leur représentation du monde et leur comphréhension du phénomène.
Puis, après ce petit gouter pamplemousse, quelques dessins, quelques spirales "galactiques" et au milieu ... un petit bonhomme !
Pour terminer cette belle journée, j'ai tenté de prendre un portait de mes deux enfants ENSEMBLE...
Hum !!! J'ai pris au moins 20 photos !!!!
Pour finir cet article, un dernier aparté sur les expériences scientifiques.
En feuilletant ce petit dico des sciences, je suis tombée sur cette expérience :
Et là, je me suis rappelée les mots Vea Vecchi, texte issu de cette revue (Reggio Emilia, 40 ans de pédagogie alternative) qui parlait justement de la coexistence de la partie logique et expressive à partir de l'exemple de l'arc-en-ciel :
"Nous faisons souvent le choix pédagogique d'aborder un sujet de plusieurs points de vue et à l'aide de plusieurs langages, car nous croyons que cette approche aboutit à une connaissance plus profonde du sujet ou du contexte examiné.
Nous confions à 3 enfants âgés de 5 et 6 ans, un bol en verre, une cruche d'eau, une pile et un miroir et leur lançons un défi : est-il possible de créer un arc-en-ciel à l'aide de ces objets ?
Les essais sont nombreux, l'obstinantion est intense, le résultat est passionnant. [...] Ils commencent à formuler des hypothèses théoriques sur la formation du phénomène physique. [...] En soufflant doucement dans la paille plongée dans l'eau au rythme d'une musique, les mouvements de la surface de l'eau font danser l'arc-en-ciel de manière surprenante, créant des lignes courbes et des pics chromatiques.
Magie, science, esthétique, physique et imagination, hasard et répétitions et bien d'autres choses encore voyagent étroitement enlacés, faisant d'un phénomène physique, trop souvent livré aux enfants comme un simple exercice déjà résolu (voilà où je peux m'améliorer), un parcours à explorer et découvrir, plein de curiosités, d'émotions et de beauté."
A lire et à relire avant de me lancer une nouvelle fois.